Traitement Précoce et Concept Bobath
Intérêt de la prise en charge Précoce
Le bébé est en construction ; si son organisme est soumis à des réactions pathologiques (des schémas moteurs anormaux, des dysfonctionnements toniques, des troubles sensoriels) il utilisera tout au long de son évolution sensori-motrice ce fonctionnement pathologique. On le retrouvera donc souvent dans des impasses motrices et des risques de troubles orthopédiques apparaîtront (Travaux du Dr Grenier).
C'est pourquoi, il est très important d'intervenir au moment où le bébé construit sa motricité en lien avec ses systèmes sensoriels. Il est nécessaire, en effet, pour lui de faire certaines acquisitions motrices et sensorielles à des âges clefs (Dr Vasseur : " Périodes sensibles dans le développement psychomoteur de l'enfant de 0 à 3 ans").
Beaucoup d'auteurs s'accordent à dire que la prise en charge doit se faire au plus tard avant 4 mois d'âge corrigé.
L'idéal est de commencer cet accompagnement du bébé à risque dès le service de néonatologie ou de pédiatrie.
Population concernée et mode d'action
Le Concept Bobath s'applique aux enfants cérébrolésés (IMOC) mais aussi à tous les bébés présentant des dysfonctionnements dans leur développement sensori-moteur (dans les suites d'une prématurité, d'une anoxie néonatale, d'un problème génétique...).
Ce concept vise à aider le bébé à construire sa motricité et sa sensorialité en favorisant la mise en place des schémas sensori-moteurs normaux grâce à la régulation de son tonus postural et cinétique.
La première action se fait en service hospitalier : il est important de veiller aux installations des bébés dans les couveuses puis dans les lits. Très tôt soumis à la pesanteur, leur hypotonie ne leur permettant pas de lutter contre elle, ils ont tendance à développer des réactions asymétriques qui vont se révéler néfastes pour leur développement futur.
Il faut accompagner le bébé dans la construction de son axe corporel et de sa sensorialité en aménageant non seulement ses installations, mais également en adaptant les soins qui lui sont prodigués, les portages...
Ceci se fait en milieu hospitalier en collaboration avec le personnel soignant. Puis, lors des consultations de surveillance, des conseils concernant la vie quotidienne sont transmis à la famille (« Comment favoriser le développement sensori-moteur du bébé dans la vie quotidienne » : Livret de conseils M. Lewandowski -AMTEF Bobath-).
Particularités du tout petit
Le bébé est dépendant de l'adulte, c'est donc dans son environnement qu'il faut le traiter : dans les bras des adultes, et en aménageant ses situations de vie quotidiennes.
Avec les parents on continuera à veiller aux différents portages, manipulations du quotidien (habillage, déshabillage, temps de changes...) et aux installations (dans le transat, ou le maxi-cosy, dans le lit, sur son tapis d'éveil, dans la poussette, le siège auto...) en s'adaptant aux dysfonctionnements du bébé.
Ces précautions permettent au bébé de réguler son tonus en dehors des temps de rééducation, sur de plus longues périodes, à un âge crucial (périodes sensibles) où l'enfant continue la mise en place des apprentissages moteurs en lien étroit avec ses systèmes sensoriels (Travaux de Mr Bullinger).
Les problèmes de l'alimentation seront évoqués avec l'orthophoniste, des propositions d'installations favorables à une bonne alimentation seront étudiées, car succion et déglutition sont en lien avec le tonus, des conseils seront donnés aux parents pour faciliter les temps de repas.
Traitement en kinésithérapie
Un accompagnement précoce donne la meilleure chance au bébé d'inscrire dans son système nerveux des expériences sensorielles et motrices adéquates pour un meilleur développement.
Bien que la plasticité cérébrale se manifeste tout au long de la vie, les premiers mois sont une période privilégiée pour donner les meilleures chances au bébé d'enclencher des schémas sensori-moteurs normaux (qui vont entrer en compétition avec ses réactions anormales).
Le traitement selon le concept Bobath se veut respectueux de l'enfant. Il est en lien avec les observations de son fonctionnement moteur. Il tente de se faire dans le plaisir et la répétition : il favorise ainsi l'intégration du mouvement et permet à l'enfant de reproduire en dehors de la séance ce qu'il a pu y ressentir.
Dans les années 60, Madame Bobath, en collaboration avec Miss Quinton (kinésithérapeute anglaise) et le Dr Köng (médecin suisse), ont initié et mis au point des techniques très précises de traitement du bébé.
Pour le tout-petit, le traitement peut se faire sur les genoux ou dans les bras du thérapeute rendant ainsi le traitement accueillant et mieux accepté. Il s'agit de guider et de provoquer des réactions posturales et des mouvements dynamiques du bébé dans ses premières acquisitions : contrôle du plan antérieur (regroupement), contrôle du plan postérieur (redressement)...
Certaines de ces techniques seront transmises aux parents pour faciliter par exemple l'habillage-déshabillage, les changements de positions... Ainsi, on permettra au bébé de réguler son tonus sur de plus longues périodes de sa journée.
Par ailleurs, le bébé grandissant, d'autres exercices peuvent lui être proposés sur un gros ballon, sur un tapis ferme ou sur la table d'examen ; ceci, en fonction de ses besoins, de son âge et de ses capacités motrices.